14/11
2018
par Jy et Farid et le groupe de détenu.e.s de la prison de Mons

Axel Piers, directeur de la prison de Mons : « La prison idéale est celle que l’on aurait rasée… »

Au cours des séances d’ateliers, le groupe a travaillé sur des questions à poser au directeur de la prison, dans laquelle ils séjournent. Jérémie et Farid ont été délégué pour soumettre ces questions à Axel Piers, ce qui a permis de connaître un peu mieux sa vision de l’institution carcérale et un échange avec les détenus présents.

Propos recueillis par Jy et Farid (sur base des questions préparées par le groupe)

Jy: Tout d’abord, une question une peu personnelle : quel a été votre parcours avant de devenir directeur de prison ? Était-ce une vocation?

Axel Piers : J’ai étudié la criminologie, donc on peut dire que la question des prisons m’a très tôt intéressé. Ensuite j’ai commencé à travailler dans le secteur des mesures judiciaires alternatives, en l’occurrence celui de la médiation pénale au parquet de la Cour d’appel de Mons, et aussi comme assistant à l’Université de Liège. J’ai eu l’opportunité de rejoindre le SPF Justice, service de politique criminelle. Puis je suis parti en Haïti pendant deux ans dans le secteur de la coopération au développement : j’ai travaillé plus précisément sur les questions de l’accès à la justice pour les Haïtiens et de la formation des juges de paix locaux. Quand je suis rentré, j’ai fait de la recherche pour la gouverneure de l’arrondissement administratif de Bruxelles-capitale, sur la police de proximité. J’ai enchaîné comme directeur de maisons de justice, à Mons et puis à Bruxelles. Mon parcours m’a mené ensuite pendant six ans au Congo-Brazzaville où j’ai travaillé pour les Nations-Unies, suivies de l’Union européenne, dans le secteur des droits de l’homme et de la réinsertion des ex-combattants. Puis, n’étant plus tout-à-fait en accord avec la politique de l’UE, j’ai décidé de revenir en Belgique et à ce moment-là, un appel à candidature pour devenir directeur régional adjoint, au sein de l’administration pénitentiaire belge, était en cours. J’ai été retenu et j’ai commencé en août 2007, j’ai cumulé avec l’unif’ et avec le poste de directeur de la prison d’Andenne. Et puis un beau jour le directeur général m’a dit : « Tu vas aller à Mons. » C’était le premier avril 2009.

Jy: Entrons maintenant dans le vif du sujet. Près de six condamnés sur dix ont récidivé entre 1995 et 2013. La Belgique a un taux de récidive important. Quelle est votre analyse ?

Axel Piers : Si je peux, j’aimerais poser d’abord poser cette question aux détenus, avant de donner la réponse.

Jy: Moi, je trouve que la réinsertion est mal faite. Je suis rentré en prison à 18 ans, à Jamioulx. J’avais plein de connaissances parmi les détenus, je fumais des joints avec des amis à moi, je jouais à la Playstation. J’étais cool. Pas d’interrogation de la part de la prison sur mon futur, sur les raisons qui m’ont amené là. Il n’y avait pas de travail au sein de la prison pour dire : « Il faut se lever tôt ». Il n’y avait pas d’accompagnement. Tu fumes, tu joues au jeu vidéo, tu joues au foot : rien de contraignant finalement. L’assistant de probation accompagne à la sortie, mais j’étais comme un numéro.

Farid : Il y a tellement de choses qui vont faire qu’un détenu va récidiver. Aujourd’hui, le détenu est souvent libéré à fond de peine et est livré à lui-même. Avec le nouveau système de congé pénitentiaire, où le détenu se retrouve dehors une semaine sur deux, s’il n’a pas de famille, il se retrouve à la rue. Il ne peut pas travailler car un patron ne va pas engager quelqu’un, une semaine sur deux. Dans d’autres pays, les détenus peuvent travailler à l’extérieur, ils ont plus d’accès à la liberté, un peu comme à Marneffe. Ici on est incarcéré, puis un jour on est libéré, on est perdu, on ne sait plus quoi faire. Quand je suis sorti de prison en 2012, j’étais sûr de ne jamais récidiver, je ne voulais pas replonger. J’ai travaillé quelques mois chez un patron qui avait accepté de me prendre sous contrat. Mais un agent de quartier passait tous les deux jours chez mon employeur pour lui demander : « Pourquoi l’avoir pris ? C’est un détenu avec un bracelet électronique. » Jusqu’au jour où mon patron m’a viré, en raison des tensions avec les collègues. Après, plus possible de trouver du travail. Dès qu’on te demande ton certificat de bonne vie et mœurs, c’est l’enfer. C’est là que j’ai récidivé. Je me retrouvais avec un loyer de 850 euros à Bruxelles. Comment faire pour payer son logement, remplir son frigo, payer son diesel, son assurance, s’habiller… ? Maintenant un détenu n’est pas l’autre. Si j’avais pu avoir une formation adéquate en prison ou une mesure alternative, apprendre un métier, ça aurait pu m’aider.

Forcément les personnes qui sortent de détention ne sont pas les premiers candidats que les employeurs potentiels vont retenir, Axel Piers

Axel Piers : J’entends bien ce que vous dites sur la récidive, mais il y a deux choses sur lesquels je voudrais tempérer : d’abord un récidiviste n’est récidiviste que s’il a commis un premier fait. Donc ce n’est pas la prison qui génère la délinquance. Elle n’améliore pas la situation, mais en attendant, avant de rentrer en prison, en règle générale, les personnes ont déjà commis 6, 7, 8 délits. Elles ont eu un sursis, puis une mesure alternative, etc. Elles sont passées entre les mailles de tous les filets éducatifs depuis l’âge de six ans puisqu’il y a une obligation scolaire dans notre pays. L’école n’a pas réussi à les diriger dans le bon sens et ces personnes n’ont pas réussi à orienter leur parcours dans le bon sens non plus, car chacun est responsable de sa propre vie. Ensuite, une fois qu’effectivement vous entrez en prison, la situation devient de plus en plus difficile et il est clair que l’institution ne crée pas des conditions formidables pour une réinsertion. Par ailleurs le marché de l’emploi est déjà extrêmement tendu, la paupérisation est de plus en plus forte. Forcément les personnes qui sortent de détention ne sont pas les premiers candidats que les employeurs potentiels vont retenir. Si vous aviez vous-mêmes votre petite société, est-ce que vous iriez à la sortie des prisons recruter les gens qui en sortent ? Donc, le problème, ce n’est pas tant la récidive, c’est qu’il y a des gens qui entrent en prison. On peut reprendre la grande phrase de Victor Hugo : « Construisez une école, vous viderez une prison. » Un système éducatif bien fait permettrait sans doute d’éviter d’emprunter le chemin de la déviance et de la délinquance.

Farid : Comment expliquez-vous que la Belgique est un pays qui crée de nouvelles prisons alors que dans d’autres, on en ferme ?

axel piers : C’est faux, ça. C’est comme de dire que la Belgique est spécialement importante en termes de récidive, c’est faux aussi. Il y a deux ans et demi d’ici, il y avait plus de 12.000 détenus en prison. Aujourd’hui on est à peine à plus de 10.000. on a quand même réduit de façon significative le nombre de détenus en prison. Ça fait plus de 15%. On a tous à l’esprit ce qu’on entend de la Hollande, où on fermerait des prisons. Ils ont fermé des prisons parce qu’il y a des comportements qui ne sont plus criminalisés et qu’à l’époque ils mettaient aussi en prison les personnes en séjour illégal. Depuis ils sont dans des centres fermés. Donc ce n’est pas la délinquance ordinaire qui a baissé aux Pays-Bas, c’est le nombre de personnes incarcérées. Chez nous, le chiffre a baissé aussi parce qu’on a décidé de mettre les internés dans des centres qui sont spécifiques à leur problématique et plus en prison.

 

 

Jy : Faut-il développer le modèle des méga-prisons, comme Lantin, bruges ou Haren quand elle sera construite ?

Axel Piers : Non, mais est- ce qu’il faut développer le modèle de prison tout court ? C’est la première question à se poser. Jusqu’à maintenant on n’a rien trouvé de moins pire, mais déjà une prison moyenne, c’est impersonnel. alors une méga-prison, ce l’est encore plus.
Ce que l’on pourrait concevoir, c’est un méga-site pénitentiaire, mais dans lequel il y aurait plusieurs unités qui auraient chacune leur logique de fonctionnement et de détention, leurs agents, etc. Je suis un partisan d’un système progressif. Qu’il y ait un bloc fermé pour les plus récalcitrants ou les plus dangereux, mais aussi un bloc dédié au sport, avec des détenus qui veulent se réinsérer par le sport, un bloc « éducation » pour les gens qui veulent se remettre à niveau, un bloc pour les formations plus manuelles, etc. Chaque bloc serait dédié à une activité spécifique. Et il y aurait un bloc plus ouvert, plutôt que les congés 7-7, avec des gens qui vont bosser à l’extérieur et qui rentrent le soir, en semi- détention. Il y aurait moyen de concevoir quelque chose d’intéressant mais qui risque d’être relativement coûteux. Mais ça c’est une question politique : est-ce qu’on est prêt à mettre le prix pour tenter de faire mieux ou est-ce qu’on se contente de faire ce que l’on fait actuellement, avec le coût que cela représente déjà ?

La prison idéale est celle qu’on aurait rasée, Axel Piers

Farid : Pensez-vous qu’il faut fermer les vieilles prisons ?

Axel Piers : Oui, clairement. La prison de mons, par exemple, n’est plus adaptée. Il faut des prisons qui répondent mieux aux attentes avec des ateliers de travail modernes, des salles de visites adaptées, des murs qui ne datent pas de 1867, des systèmes électriques fiables. Ici c’est l’enfer pour le service technique. On n’est plus aux normes de sécurité. Pour les agents, c’est l’enfer aussi : certains travaillent au sous-sol et ne voient pas la lumière du jour. Pour les détenus, les cellules sont aussi une catastrophe. idem pour l’hygiène. Un jour ou l’autre, cette prison devra fermer, ou alors on conserve le site, mais en réduisant sa capacité, pour 200 personnes maximum.

Farid : C’est quoi la prison idéale ?

Axel Piers : La prison idéale est celle qu’on aurait rasée. Avec en lieu et place un système éducatif bien fait. mais bon…

Farid : Ne trouvez-vous pas que trop de détenus vont à fond de peine ? il faut une anamnèse par des assistants sociaux, or il n’y en a pas assez alors que les déte-nus sont admissibles à la libération conditionnelle.

Axel Piers : J’aime bien rappeler le principe selon lequel un détenu est condamné à une peine de tant d’années. Il n’est pas condamné à un tiers ou à deux tiers de cette peine et prochainement à la moitié, si la loi est modifiée. il peut ensuite éventuellement obtenir une libération anticipée si le tribunal le décide et si l’ensemble des intervenants qui évaluent la situation remettent un avis favorable. Le détenu qui se prend en main, décide d’améliorer son niveau d’éducation (les cours de correspondance sont accessibles à tous les détenus), celui-là, je suis quasi sûr qu’il obtiendra sa libération conditionnelle. Le problème ce n’est pas tellement le manque d’AS, le problème, c’est que la majorité des détenus poussent sur le bouton « pause » : J’arrête de vivre pendant le temps de ma détention et je me poserai la question de ce que je fais, une fois que je serai sorti. C’est vrai que le système ne donne pas la possibilité de faire beaucoup de choses, on ne les aide pas beaucoup, mais il y en a peu qui se prennent en charge.

Farid : Trouvez-vous justifiées les plaintes concernant les visites, l’hygiène, la salle VHS, les soins, l’alimentation, les démarches administratives ?

Axel Piers : Oui. Vos revendications sont on ne peut plus légitimes. Cela repose la question du lieu. Cette prison n’est plus du tout conçue pour les besoins d’aujourd’hui. Ceci dit, les détenus à qui on propose d’aller à Leuze (prison moderne NDLR)  refusent dans neuf cas sur dix. Alors qu’il n’y a pas mieux : il y a des douches en cel-lule, la VHS est splendide, la salle de visite est splendide. Mais ils ne veulent pas y aller. Allez comprendre…

 

 

Farid : En fait, ici, beaucoup de détenus viennent de Mons ou des alentours. Pour les visites c’est plus facile. ils peuvent voir leur famille. La prison est dans le centre de la ville, ça les arrange. Moi je ne suis pas d’ici, mais comme je connais les AS, la direction… Je me suis dit que ce serait peut- être plus facile. ais la VHS, pour moi, c’est un gros problème.

Jy : Ça fait longtemps que je ne voulais plus faire venir ma femme en salle VHS. C’est la mère de mes enfants. Moi on peut me traiter comme ça, mais pas ma femme… Farid et moi on veut bien la remettre en couleurs, la VHS.

Axel Piers : Pour la petite histoire, quand je suis arrivé ici en 2009, j’ai vu la VHS, j’ai vu la salle de visite, je me suis dit : ce n’est pas possible. À ce moment-là il y avait un projet de nouveaux locaux pour le SPS (service psycho-social) qui devait se faire ici à l’étage. J’ai convoqué tout le monde, j’ai tout modifié en disant : « On ne va pas faire un nouveau complexe pour le SPS, on va faire un nouveau complexe de visites. » C’était en 2009. J’ai vendu le projet à la régie des bâtiments, on a modifié les plans, on a modifié les appels d’offre, mais je pensais que ça irait plus vite. Je trouvais l’Afrique particulièrement lente, mais en afrique ces salles de visites seraient ouvertes depuis au moins huit ans. En Belgique pas. Une fois qu’elles seront ouvertes, franchement, les VHS, ce sont des studios où l’on peut recevoir toute sa famille. Là tout est en ordre, à part les caméras. On est venu les installer, on est venu les brancher, mais le système n’est pas compatible avec nos ordinateurs. Bref, ça fait deux ans que je dis «Incessamment sous peu » (soupirs). (L’interview s’est déroulée au mois de mai 2018. Depuis juillet, la nouvelle salle de visite et les trois studios en VHS sont entrés en fonction).

C’est comme dehors… sauf que le taux de « chômage » en prison est beaucoup plus important !, Axel Piers

Jy : Comment le budget « prison » est-il distribué, géré ? Quid de la répartition hommes-femmes ?

Axel Piers : D’abord, on a très peu d’argent. On a un budget entretien pour tout ce qui relève des chaudières, du système électrique, de la sécurité incendie… avec des contrats avec différentes sociétés. On a aussi toute une partie qui nous échappe complètement puisque le bâtiment ne nous appartient pas, on est locataire. On dépend de la Régie des bâtiments. Quand il y a une fuite dans le toit, vous pouvez mettre des seaux et attendre que la Régie vienne réparer. On dispose également de 3,5 euros par jour pour nourrir un détenu et c’est un tour de force de sortir trois repas par jour avec ce budget-là. C’est à peu près tout ce qu’on a entre nos mains. On a par ailleurs un budget interne, le CED (caisse d’entraide des détenus) qui, à travers un petit bénéfice que l’on génère sur les cantines ou les machines à boissons en salles de visite, nous permet de donner une somme aux indigents, aux personnes qui n’ont absolument aucun revenu pour s’acheter du tabac ou avoir accès à la télévision par exemple. Quant aux femmes qui estiment être les parents pauvres de la prison, qu’elles viennent voir l’aile a chez les hommes. elles ont aussi un accès à l’emploi beaucoup plus large que les hommes, via l’atelier couture. Ce qui est réel, par contre, c’est que le quartier des femmes a été rajouté à la prison dans les années sep-tante, il a été construit en dépit du bon sens et en termes de préau, c’est une vraie catastrophe.

Farid : Concernant le travail en prison, pourquoi y a-t-il des différences de salaires entre les différents jobs des détenus en prison ?

Axel Piers : D’abord il y a un problème de base. Je suis d’avis qu’il faudrait de vrais contrats d’emploi pour les détenus qui travaillent en prison. avec un vrai contrat de travail et toutes les conséquences qui devraient être apportées à un contrat juridique. Ce serait un élément déterminant en termes de réinsertion, avec un accès à la sécurité sociale à la sortie. Ce n’est pas le cas. Ensuite, pour répondre plus précisément à la question, il y a des jobs qui sont payés à la prestation. D’autres qui sont payés à l’heure. D’autres encore à la pièce. Ça fait des différences de salaires. Il n’y a pas du travail pour tout le monde…

Axel Piers : C’est comme dehors… sauf que le taux de « chômage » en prison est beaucoup plus important !

Farid : Au moins, ici, on ne nous demande pas de bonne vie et mœurs (rires).

Jy : Comment les candidats sont-ils choisis ?

Axel Piers : il y a plusieurs types de mises à l’emploi. Les postes qu’on appelle « servants d’aile », chargés de nettoyer les espaces communs dans l’aile et de distribuer la nourriture, sont proposés par le chef quartier. Comme ces personnes ont leur cellule « porte ouverte », il faut qu’il y ait une vraie relation de con ance avec les agents de l’aile. On laisse donc la responsabilité pleine et entière au « sécu de l’aile » de choisir. Pour tous les autres, il y a une liste des détenus. Chaque détenu qui arrive est mis en bas de la liste et chaque fois qu’une place se libère, il avance dans la liste. avant d’avoir une proposition, le délai d’attente est facilement de huit mois à un an.

Farid : Il y a aussi ceux qui ont une qualification particulière…

Axel Piers : S’il y a vraiment un besoin de technicité essentielle, on pourrait les privilégier en termes d’avancée sur la liste, sinon on essaye quand même de les prendre dans les cinquante premiers.

Farid : Concernant les sanctions discipli-naires en prison, peut-on être puni sans preuves ?

Axel Piers : Le système des sanctions disciplinaires est encadré depuis l’adoption de la loi de Principes (ndlr : loi du 12/01/2005 sur les prisons et le statut juridique des détenus). Avant ce n’était pas le cas. Il y a un principe de base qui peut effectivement poser question, c’est le fait que le directeur qui gère les procédures disciplinaires s’appuie sur un rapport qui est fait par un agent. Par principe, ce qui est dit par l’agent est la réalité. Parfois des détenus contestent cela. Et c’est leur droit le plus strict, on a toujours le droit de contester. Ils ont la possibilité de faire valoir leur point de vue devant le Conseil d’État. S’ils le font et qu’ils gagnent, tant mieux. Nous, directeurs, quand on juge, forcément on s’appuie sur un rapport, on entend le détenu, et puis on fait la part des choses, comme un juge. Parfois on a des preuves matérielles qui sont évidentes. Quand on trouve un gsm en cellule, il n’y a pas à tourner autour du pot. Maintenant quand ce sont des insultes, des menaces, évidemment c’est plus sensible et on essaye de trancher le moins mal possible.

Jy : Lors des grèves de 2016, les détenus des prisons belges se sont vus privés de préau, de visites, de téléphone… ici à Mons ça allait encore. Quelle organisation a été mise en place ?

Axel Piers : Heureusement tout le personnel n’était pas en grève. on doit une fière chandelle aux agents qui sont restés sur le site. Dès le début on avait suffisamment d’agents pour continuer à donner des préaux tous les jours. Résultat : il n’y a pas eu de dégradations, pas de débordements de violences. On a pu maintenir cette ligne. et puis on a eu le renfort des militaires qui nous ont drôlement aidé. Ils ont accepté de marcher comme je le proposais alors que cela ne correspondait pas aux ordres qu’ils avaient reçus. Heureusement c’était des gens pleins de bon sens. On a pu maintenir un préau par jour et on a instauré de faire des visites blindées tous les week- ends, et cela a marché. Tout le monde a joué le jeu. Les agents présents également. Pourtant il fallait oser rentrer alors que tous leurs collègues étaient dehors. Toute l’équipe de direction a mouillé le maillot. Et puis les détenus, tout le monde est resté vraiment correct. Dans d’autres prisons, il y a eu du grabuge.

(Lors de l’interview en mai 2018, les grèves de juin-juillet 2018 n’avaient pas encore eu lieu, sur fond de débat sur le service minimum dans les prisons.)

 

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