EDITO : La diversité, un idéal inatteignable ?

“La diversité sous toutes ses formes” est le thème de la 11ème édition du projet Bruxitizen lancé par l’agence Alter. S’assurer que tout le monde a la possibilité de partager son vécu, ses opinions et ses idées est plus que crucial dans notre société. C’est seulement par ce biais que l’on s’assurera de la présence d’une bonne représentation de la population, dans le traitement de l’information, dans la prise de décision et dans l’amélioration de nos vies quotidiennes. Nous, étudiants de l’Université Saint-Louis Bruxelles et de l’Institut Supérieur de Formation Continue (ISFSC), nous nous sommes attelés à questionner la diversité et tenter d’en évaluer l’avancement.

Se pencher sur la thématique de la diversité, c’est avant tout comprendre la notion, ses enjeux et son utilisation aujourd’hui. Lors d’une conférence en novembre dernier, Sabri Derinöz, expert média, chercheur et doctorant à l’ULB et Ihsane Haouach, auteure et entrepreneuse sociétale nous ont partagé leurs connaissances et expériences vécues autour de la diversité, illustrant la complexité du sujet. Nous avons réalisé que la diversité est omniprésente dans de nombreux aspects de la société. Ce terme, polysémique et sujet à interprétation, nécessite une attention particulière lorsqu’on souhaite l’étudier, sa définition étant influencée par le contexte dans lequel il est employé.

De fait, on entend parler de l’enjeu de la diversité dans les médias, dans le milieu politique, dans le monde du travail ou encore dans la sphère culturelle. Donner la parole à plusieurs personnes différentes en confrontant des perspectives hétérogènes enrichit non seulement le travail, mais aussi le résultat apporté et accorde un sens plus profond à une action. Ceci dit, une simple démocratisation de la parole n’est pas suffisante. On ne doit pas juste se satisfaire de rendre la possibilité de s’exprimer accessible à tous ; il est nécessaire d’accorder une légitimité et une même attention à chaque individu lorsqu’il s’exprime, et cela ne va pas de soi.

Bruxelles est une ville multiculturelle et c’est l’une de ses plus grandes richesses. L’enjeu actuel consiste réellement à faire ressortir cette richesse au sein de notre société et à tirer parti de ses bienfaits.

Valoriser la diversité via différents médias

 

Pour approfondir cette thématique, l’ensemble des étudiants ont décidé de l’explorer à travers quatre médias différents, chacun apportant sa pierre à l’édifice de la compréhension et de la valorisation de la diversité :

 

– Pour l’atelier en « Presse écrite », les élèves ont concocté six articles sur la diversité dans les médias. Ce travail de fond s’attache à démontrer comment une représentation variée peut enrichir le paysage médiatique, en mettant en lumière différentes initiatives qui favorisent l’inclusion dans le secteur.

 

– En ce qui concerne le projet « Photo », les étudiants ont réalisé une série de portraits et de courtes interviews de femmes politiques issues de la diversité. Ces clichés et ces

témoignages visent à briser les stéréotypes, en montrant la richesse que représente la diversité au sein de la sphère politique.

 

– Le groupe « Vidéo » a exploré la manière dont les médias façonnent les perceptions sociétales à travers une analyse des stéréotypes de genre dans les séries télévisées belges. Cette investigation vise à encourager une prise de conscience sur l’importance d’une représentation plus équilibrée des genres.

 

– Pour finir, l’atelier « Radio » a réalisé une émission en direct nommée « DiversiTEA », et qui a été diffusée sur la fréquence de Radio Panik 105.4, le 19 décembre 2023. Quatre intervenants en studio ont abordé des sujets variés tels que la diversité dans l’enseignement, l’accès à la politique, les quotas ou encore la discrimination positive, le tout entrecoupés de capsules interrogeant des jeunes sur les mêmes sujets.

 

Ces réalisations illustrent l’engagement des étudiants à promouvoir la diversité sous toutes ses formes.

 

Pour faire avancer le sujet au sein de la société

 

Il est important de mentionner que les étudiants participant à ce projet comprennent que la diversité englobe différents aspects qui recoupent l’expérience humaine : le genre, l’ethnicité, l’origine, la langue, la culture, la religion, la narration, la classe sociale, l’âge, entre autres. Pour mener à bien ce projet, on a essayé d’observer ce phénomène dans la perspective la plus large possible, dans le but d’inclure le plus grand nombre possible de facteurs impliqués dans la diversification, ou non, de la société d’aujourd’hui.

 

En effet, le débat sur la diversité est de plus en plus présent dans la sphère sociale, culturelle et politique. La diversité est une réalité. Cependant, cette diversité, qui peut être observée dans la vie cosmopolite quotidienne de la capitale de l’Europe, n’est pas suffisamment représentée dans la manière dont l’information est produite, diffusée et partagée. On a pu observer que certains aspects des médias restent insensibles à certaines minorités ou à certains groupes. L’actualité, le cinéma et la radio sont des exemples de médias qui devraient s’efforcer d’inclure des personnes d’origines, de sexualités, de cultures et de croyances différentes, mais il existe souvent des représentations erronées ou des exagérations et renforcements de stéréotypes dans ces médias.

 

La diversité a gagné en épaisseur et en complexité et il est important de pousser les barrières auto-établies par les biais cognitifs qu’on a tous instaurés dans le sens commun. Les médias, la politique, les créations artistiques ou encore l’enseignement jouent un rôle clé dans la diversification des narratives dans chaque domaine mentionné. Dans la section sur la presse écrite, l’objectif était de rechercher les outils et les stratégies utilisés par les populations sous-représentées pour faire face à ce problème.

 

Ainsi, on peut dire que les limites de la représentation de la diversité ont été, et continuent d’être, remises en question grâce au travail collectif des différents groupes sociaux historiquement invisibilisés et des experts. Une cause qui a encore besoin d’être défendue pour faire avancer le sujet.

 

Un édito écrit à six mains par Sofia El Bachrioui, Gizem Ince, Clémentine Goethals, Lucas Guzman, Gabriela Lopez, Carla Maeran

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