Édito – Jeune et libre: récits pluriels de libertés singulières
Dans le cadre du projet Bruxitizen, porté par l’Agence Alter, nous, étudiant·es de l’ISFSC et de l’UCLouvain Saint-Louis Bruxelles, avons exploré un thème aussi vaste qu’intime: la liberté.
Mais pas la liberté en général. Plutôt celle que chacun·e de nous perçoit, ressent, cherche à conquérir, parfois à défendre. Une liberté au prisme de nos âges, de nos histoires, de nos réalités sociales.
Être libre, quand on est jeune aujourd’hui, ça ne va pas de soi. Ça se construit, ça se négocie, ça s’imagine. Pour certain·es, c’est le droit d’exercer un métier dignement, pour d’autres, c’est porter ce qu’on veut à l’école, exprimer ses idées dans l’espace public ou créer librement dans un cadre artistique. Chaque voix entendue dans cet atelier raconte une forme singulière de liberté, mais aussi les obstacles qui la conditionnent.
Travailler: une liberté sous contraintes
Le travail est souvent présenté comme un levier d’autonomie. Pourtant, en interrogeant deux infirmières, nous avons découvert une réalité plus nuancée. Oui, leur métier est une vocation. Mais à quel prix? Fatigue chronique, manque de reconnaissance, pressions constantes… Autant de limites invisibles qui grignotent cette supposée liberté d’exercer.
Porter ce qu’on veut: un droit pas si évident
Le droit vestimentaire à l’école peut sembler secondaire. Pourtant, il reflète une tension entre autorité et individualité. Au Centre scolaire du Sacré-Cœur de Jette, l’uniforme scolaire est toujours en vigueur. Les élèves interrogé·es, de la 1re à la 6e, expriment des ressentis variés: pour certain·es, une perte de liberté; pour d’autres, une règle acceptée sans grande conviction. Mais une question persiste:«Jusqu’où peut-on imposer un ‘cadre’ au nom de la discipline?»
S’exprimer comme citoyen·ne
Dans une société démocratique, la liberté d’expression politique devrait être une évidence. Mais en pratique, de nombreux jeunes ne se reconnaissent pas dans le système représentatif actuel.
Face à ce désintérêt, des initiatives émergent comme les assemblées citoyennes, où des Bruxelloises et Bruxellois tirés au sort prennent part à des décisions collectives.
Ce modèle alternatif offre une nouvelle forme de participation, plus inclusive, plus directe – et peut-être plus libre.
L’art, un territoire d’engagement
Exprimer une revendication, un sentiment, une colère ou un rêve par l’art, c’est aussi affirmer sa liberté.Dans nos universités, des cercles étudiants deviennent des espaces de création et de résistance. Là où les mots peinent à sortir, l’art prend le relais. Garantir ces espaces, c’est garantir la possibilité de parler – même quand la parole dérange.
Une jeunesse plurielle, des libertés multiples
À travers ces enquêtes, témoignages et productions, nous avons découvert que la liberté ne se résume jamais à un principe abstrait. Elle est vécue différemment selon les contextes, les identités, les aspirations. Elle est parfois empêchée, parfois conquise. Mais elle est toujours politique.
Ce travail nous a également fait prendre conscience du rôle de la presse: documenter, rendre visible, créer du débat. En écrivant, nous avons compris que faire entendre une voix, c’est déjà la libérer. En nous plongeant dans l’écriture journalistique, nous avons découvert que l’information est un bien précieux mais aussi fragile. Informer revient à offrir un miroir à la société; c’est susciter le débat;c’est finalement protéger nos droits fondamentaux eux-mêmes