La participation dans tous ses états

À l’heure où la question de la démocratie directe est plus que jamais sous le feu des projecteurs (nos voisins français nous l’ont montré récemment avec les actions menées contre la réforme des pensions), la problématique de la participation des citoyens, et en particulier de la jeunesse, suscite beaucoup de débats. Étudiants à l’Université Saint-Louis Bruxelles, nous nous sommes penchés sur cette thématique de la participation des jeunes, proposée dans le cadre d’un des ateliers pluridisciplinaires de notre programme. Voici le fruit de nos cogitations et du travail d’une année, à partir de quatre médias: l’écriture, la photo, la radio et la vidéo.

Avant de s’attarder sur les différentes formes que la participation peut revêtir, il est crucial d’en savoir davantage sur les fondements juridiques de cette participation des jeunes afin de cerner, de façon éclairée, ses enjeux. À cet égard, la Convention internationale des droits de l’enfant, ratifiée par la Belgique en 1991, a souligné l’importance de la prise en considération de l’avis des enfants et des jeunes quant aux décisions qui les concernent. Si cette réflexion sur la place des jeunes et de leur investissement dans la société était déjà en germe, cette affirmation de leur droit à participer leur a permis de s’affirmer et de se voir accorder une place plus importante dans les différentes sphères de notre société.

Actuellement, les travaux en cours en Belgique francophone dans le cadre du «Pacte pour un enseignement d’excellence» sont une traduction politique directe de cette volonté de permettre aux jeunes d’être partie prenante. Mais cette participation est loin de se limiter au milieu de l’enseignement: des commissions délibératives aux maisons de jeunes, en passant par les organisations étudiantes, les domaines dans lesquels les jeunes s’engagent sont légion et sont autant d’espaces à la disposition de la jeunesse qui leur permettent de prendre une part active à la vie en société.

Sur le terrain

Afin d’ouvrir le champ de nos interrogations à propos de cette thématique, une table ronde s’est tenue en début d’année, réunissant des acteurs concernés et les étudiants de l’atelier. La discussion a notamment tourné autour de la distinction entre la participation formelle et informelle, du rôle clé de l’école dans l’instauration d’une culture participative au sein de la vie scolaire, de la présence de jeunes dans les commissions délibératives bruxelloises, ainsi que des freins et solutions possibles pour créer plus d’espaces participatifs destinés aux jeunes et leur permettre de faire entendre leurs voix. Encadrés par des professionnels des médias, actifs dans le projet Bruxitizen coordonné par l’Agence Alter, nous avons été amenés à approfondir des pistes de réflexion sur la thématique, en utilisant quatre formes de langage médiatique: l’écriture journalistique, la photographie, la radio et la vidéo.

Les étudiants en «presse écrite» se sont penchés tout d’abord sur les processus participatifs au sein de l’école. De manière collaborative, ils ont composé un dossier divisé en trois parties: la législation concernant la démocratie scolaire, le cas de l’école secondaire Saint-Michel et celui de l’école à pédagogie active Second’Air Singelijn. D’autres articles portent sur les actions participatives des jeunes via les réseaux sociaux, sur le profil d’une jeune engagée dans les organes représentatifs universitaires, ainsi que sur le point de vue du monde politique sur cette participation des jeunes.
L’atelier photographie s’est principalement concentré sur la participation des jeunes dans le milieu social et l’aide aux plus démunis. Ainsi ils ont conçu différents reportages photos au sein d’asbl fondées, coordonnées ou largement aidées par des jeunes.

Pour ce qui est du groupe radio, le 12 décembre dernier, les étudiantes ont préparé et animé l’émission Youth for change, en direct sur RadioPanik. Elles ont scindé l’émission en trois axes distincts: les formes de participation, les obstacles et les résultats de la participation des jeunes. Elles ont donc invité différents profils concernés pour discuter et aborder la question. Enfin le court-métrage réalisé par les étudiants du média vidéo s’est déroulé dans une maison de jeunes à Molenbeek. Sur place, ils ont interviewé les différents jeunes et éducateurs fréquentant la maison de jeunes au sujet du harcèlement, ainsi que sur les activités proposées par la maison de jeunes en lien avec ce phénomène, parmi lesquelles un atelier slam…

Pour quels résultats?

La situation, contrastée selon les domaines, ne permet pas de tracer un constat définitif et sans équivoque. On remarque, tout d’abord, que l’enseignement a accompli des progrès tangibles en la matière. L’instauration de conseils de classe et de participation semble porter ses fruits et donne dans une certaine mesure la possibilité aux élèves de s’exprimer, mais sans pour autant s’être généralisée. C’est surtout dans des projets «citoyens» que l’on peut constater une implication croissante des jeunes dans la vie de leur école. Une réalité cependant largement tributaire du projet pédagogique de l’école, avec un écart qui subsiste entre les écoles à pédagogie active et celles dites «traditionnelles».
Pour ce qui est de la politique, la participation n’en est encore qu’à ses balbutiements et un long chemin reste encore à parcourir… Si les commissions délibératives du parlement bruxellois, qui comprennent des jeunes à partir de 16 ans, sont une initiative à saluer, elles demeurent cependant au stade de «work in progress».
On sent bien qu’une réflexion plus globale sur la place des citoyens et en particulier des jeunes est à l’œuvre, mais il s’agit là d’un véritable changement de paradigme démocratique. Une raison cependant d’être optimiste à ce sujet: le foisonnement des projets associatifs dans lesquels de nombreux jeunes s’engagent, dans les domaines humanitaires, sociétaux et sociaux.

Un éditorial rédigé par Lola Buratti, Selen Kaya et Arthur Voet, étudiants à l’Université Saint-Louis.

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